PETIT POINT HISTORIQUE
La culture en prison s’implante d’abord par la lecture, grâce à la Circulaire pour la formation de bibliothèques dans les maisons centrales, du 4 septembre 1841. Cependant, les livres qui pénètrent en prison sont particulièrement filtrés, et ce, jusqu’au milieu des années 1970.
En 1964, c’est l’Education Nationale qui investit les lieux de privation de liberté, en permettant aux personnes incarcérées d’accéder à un enseignement adapté à leurs besoins.
En 1981, Robert Badinter au Ministère de la Justice, et Jack Lang au Ministère de la Culture, imaginent un plan d’accès à la culture en détention par l’introduction d’activités culturelles. Des actions sont mises en place et comme le révèle le troisième point de l’article II du Protocole d’accord entre le Ministère de la Justice et le Ministère de la Culture, le constat est positif : “Les spectacles, les concerts et les expositions se sont multipliés dans les établissements pénitentiaires. Tout en contribuant à limiter le processus d’exclusion, ces manifestations ont fréquemment permis aux détenus de découvrir de nouvelles formes d’expression. Les personnels pénitentiaires en ont très généralement ressenti les effets positifs, y compris sur le climat en détention”.
Cette initiative est poursuivie et s’étend, suite à la publication de ce protocole, le 25 janvier 1986. Cet accord prévoit la prise en compte des besoins culturels des personnes incarcérées comme moyen de renforcer le dispositif de réinsertion sociale.
ET AUJOURD’HUI ?
Aujourd’hui, d’autres protocoles s’inscrivant dans la continuité de celui de 1986 ont été rédigés et signés, ainsi que de nombreux articles de loi garantissant le respect des droits des personnes placées sous main de justice, en matière d’accès à la culture.
Ce droit d’accès à la culture est également défendu dans le Code de procédure pénal, dans les règles pénitentiaires européennes, dans la Convention de l’Unesco, et dans la Constitution.
L’article 27 de la Déclaration Universelle des droits de l’Homme de 1948, prévoit que “Toute personne a le droit de
prendre part librement à la vie culturelle de la communauté, de jouir des arts et de participer au progrès scientifique et aux bienfaits qui en résultent”.
Dans un contexte carcéral où le taux d’occupation moyen des établissement avoisine les 154%, où la Cour européenne des droits de l’homme a condamné la France 18 fois, pour le non respect de l’article 3 de la Convention européenne des droits de l’homme qui prohibe la torture et les traitements inhumains ou dégradants, les activités culturelles n’est pas la préoccupation principale dans le quotidien des personnes détenues, mais elles peuvent représenter une bouffée d’air frais, un instant de trêve.
De plus, la participation à des actions culturelles favorise la réinsertion des personnes placées sous main de justice, et peut ainsi réduire les risques de récidives.
Intervenir dans des lieux de privation de liberté est une façon, pour Emancip’action, de réaffirmer l’importance du droit fondamental qu’est l’accès à la culture, pour toutes et tous.
CUISINE
Théo, chef de cuisine, riche de multiples expériences dans des restaurants gastronomiques, palaces et étoilés de la capitale a proposé à un groupe de personnes détenues, une série d’ateliers autour de la cuisine.
Pour les personnes détenues, le moment du repas est souvent un moment de soin : plus qu’à l’extérieur, beaucoup aiment prendre le temps de se préparer un bon repas (avec les moyens du bord !). Alors, Théo a proposé de confectionner des recettes réalisables en détention, avec la liste du matériel et des ingrédients disponibles sur place. De plus, après avoir été averti par la coordinatrice culturelle de la Maison d’arrêt de Nanterre, que la baguette de pain qui leur est distribuée quotidiennement, est souvent jetée, Théo a essayé de leur proposer des recettes pour réinventer les formes et usages du pain, et lutter contre le gaspillage alimentaire.
THÉÂTRE
Après avoir pratiqué le théâtre pendant une dizaine d’années (cours de pratique cours théorique, école de théâtre, troupes, fac de théâtre), Margaux a suivi un stage en Maison d’arrêt, dans le service de coordination culturelle, tout en rédigeant un mémoire de fin d’études sur les bienfaits de la pratique théâtrale en milieu pénitentiaire. Suite à ces expériences, et en s’appuyant sur les constats de cette recherche, Margaux a crée un programme d’initiation à l’improvisation théâtrale sur mesure, qu’elle a proposé à des groupes de personnes incarcérées, au sein de plusieurs établissements pénitentiaires.